Sélectionner une page
4 min

Depuis le tournant du siècle, le terme de burn-out s’est imposé dans le langage courant pour décrire l’épuisement professionnel des salariés. En France, plus de 3 millions de salariés sont menacés par cette maladie professionnelle. Voici comment la prévenir et la détecter, ainsi que le conditions nécessaires pour assurer l’origine professionnelle de la pathologie.

Le stress au travail comme cause du burn out

 

Le stress lié au travail, avec le burn-out comme l’une des conséquences les plus sévères, est désormais généralement reconnu comme un problème mondial affectant tous les pays, tous types de professions et de travailleurs.

Le lieu de travail est une source importante de risques psychosociaux : concurrence accrue, attentes élevées sur la performance, longues heures de travail. Tout cela le fait devenir un environnement toujours plus stressant. Avec le rythme de travail dicté par les communications instantanées, la séparation entre le travail et la vie privée est de plus en plus floue. De plus, la situation économique généralement difficile intensifie les inquiétudes des salariés, avec des graves conséquences pour leur santé mentale et leur bien-être.

Dans ce contexte complexe, une souffrance pathologique liée au travail – dépression, trouble anxieux ou burn-out – peut s’installer facilement. Le burn-out caractérise l’état de fatigue profond d’un salarié au bord de l’épuisement professionnel. Détecté initialement chez des professionnels émotionnellement très exposés (infirmiers, pompiers, policiers etc.), il touche aujourd’hui potentiellement l’ensemble de la population.

Les chiffres du phénomène sont alarmants : sur l’année 2019, Santé publique France estimait le nombre de personnes touchées par le burn-out à 30 000. D’autres sources évaluent ce chiffres à la hausse.

Détecter et prévenir le burn out

 

Le burn-out est une pathologie sévère affectant potentiellement des millions des salariés. Il est alors important de savoir le détecter et le prévenir.

Les symptômes du burn-out sont ceux d’une forme extrême de stress, se manifestant concomitamment sur trois plans différents :

  • Physiologique : fatigue chronique, douleurs diffuses, troubles du sommeil, insomnies etc.
  • Psychologique / affectif : dépression, hypersensibilité, manque de concentration etc.
  • Comportemental : baisse de productivité, irritabilité, agressivité, impulsivité etc.

Par conséquent, le traitement du burn-out est lourd et complexe, nécessitant au-delà du traitement médicamenteux, de la psychothérapie de reconstruction émotionnelle et un éloignement du travail. Ce dernier peut souvent intervenir pendant une très longue période, avec de grandes difficultés de réinsertion professionnelle.

Il est évident que le burn-out est un mal violent, destructeur et pernicieux. L’entreprise et ses collaborateurs doivent s’en convaincre et agir en conséquence. Pour l’entreprise en particulier tous les efforts doivent être dirigés vers la prévention du burn-out. Car, au-delà d’être source du problème pour l’organisation du travail et le management des individus, le lieu de travail est en même temps le lieu idéal pour y faire face en protégeant la santé et le bien-être des travailleurs.

Dans un premier temps, il convient de lutter contre la surcharge de travail et de donner d’avantage d’autonomie aux salariés dans leurs activités. Les salariés qui ne sont pas impliqués dans la prise des décisions et qui n’ont aucune zone de contrôle au travail sont aussi plus stressés. Les faire participer aux décisions a aussi pour effet d’améliorer la circulation de l’information à l’intérieur de l’entreprise. Or l’absence de communication est elle aussi une cause majeure de stress. Productivité, plus de motivation, satisfaction au travail – voici les effets d’entrainement de la participation et en même temps l’inverse du stress au travail et du burn-out.

De plus, il est nécessaire d’assurer un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les salariés. Certaines modifications simples dans l’organisation du travail et le mode de fonctionnement de l’entreprise peuvent fortement contribuer à réduire le niveau de stress.

Dernier point, mais pas le moindre, avoir un style de management ouvert et solidaire, qui facilite les occasions d’interactions fructueuses, est très important aussi. Depuis plusieurs années, on entend parler de « healthy management » ou « management sain ». Il s’agit essentiellement de l’inclusion dans les pratiques managériales, de la reconnaissance, du respect, de l’empathie, du soutien et du sens donné aux tâches prescrites. Cette dimension plus humaine est sans doute l’une des voies les plus importantes pour réduire le stress au travail et prévenir le burn-out.

Burn out : reconnaissance et déclaration à la CPAM

 

Le syndrome d’épuisement au travail peut être reconnu comme maladie professionnelle. Cependant, pour être reconnu par l’Assurance Maladie, certaines conditions doivent être réunies pour assurer l’origine professionnelle de la pathologie.

Le burn-out ne peut ainsi être reconnu comme maladie professionnelle que si :

  • Il est établi que la pathologie est essentiellement et directement causée par le travail. Le lien direct ne doit pas forcément être exclusif, un éventuel état antérieur et des facteurs extérieurs peuvent aggraver l’état du salarié concerné ;
  • La pathologie a entraîné une Incapacité Permanente Partielle (IPP) d’au moins 25%.

Dans un premier temps, et avant toute déclaration, le salarié doit prendre rendez-vous chez son médecin traitant. Après examen, le médecin pourra lui prescrire un arrêt de travail s’il juge cela nécessaire.

Si le médecin constate également une dégradation de l’état de santé du salarié liée au travail, il pourra inviter celui-ci à demander la reconnaissance de l’origine professionnelle de la maladie auprès de la CPAM. Pour cela, le médecin établit un certificat initial précisant la nature de la maladie et la date de la première constatation médical.

Ensuite, il appartient au salarié de déclarer sa maladie à la CPAM. La déclaration se fait via un formulaire spécifique « Déclaration de maladie professionnelle ou demande de reconnaissance de maladie professionnelle ». Les 4 premiers volets du formulaire sont à envoyer à la CPAM et le 5ème doit être conservé par le salarié. Le salarié doit également joindre les documents suivants à sa déclaration :

  • Les 2 premiers volets du certificat médical initial établi par son médecin traitant ;
  • Une attestation de salaire remise par l’employeur.

A savoir :
Le salarié dispose d’un délai de 2 ans pour envoyer sa déclaration de maladie professionnelle à compter de la date du certificat médical initial l’informant d’un possible lien entre sa maladie et son activité professionnelle.

Après avoir accusé réception du dossier complet, la CPAM procèdera à l’instruction de la demande et se prononcera sur le caractère professionnel ou non de la maladie, après avis du Comité régional de reconnaissances des maladies professionnelles